A, l'instar de tous les pays du monde entier, la fête du travail a été célébrée, hier, en Côte d'Ivoire. Une occasion pour la plus vieille centrale syndicale du pays de mettre les pieds dans le plat.
«Bisser ! Bisser ! Bisser !» Rassurez-vous, on n'est pas à l'émission musicale Tempo de Didier Bléou, mais en pleine séance de lecture des résolutions de l'Union générale de travailleurs de Côte d'Ivoire (Ugtci). Et le « camarade » Koné Casime vient juste de lire celle relative à la cherté de la vie, demandant au gouvernement la baisse immédiate du prix du riz, de la viande, du gaz, de l'eau, de l'électricité, du transport... Soutenu par les cris et les applaudissements à tout rompre des centaines de travailleurs qui ont pris d'assaut la grande salle de la Bourse de travail de Treichville, le «camarade » enchaîne: « L'Ugtci demande le redéploiement des brigades des prix sur l'ensemble du territoire national pour lutter contre la flambée des prix.» Selon le porte-parole de la centrale syndicale, les actions entreprises par l'Etat pour lutter contre la vie chère, n'ont produit aucun résultat. L'Ugtci a profité de l'occasion pour dénoncer l'insécurité de plus en plus inquiétante qui sévit dans la capitale économique. Entre autres, les braquages incessants et les agressions. La centrale syndicale est aussi revenue sur les bavures de certains éléments des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (Frci). Des efforts considérables restent à faire à ce niveau, selon Adeh Mensah, Sg de l'Ugtci et ses camarades. Ils espèrent que l'unité de la police militaire, celle de la lutte contre le racket et la corruption portera ses fruits. Toutefois, après avoir décrié le taux de chômage qui est de 44% de la population active, le secrétaire général de la centrale syndicale s'est interrogé : «est-il réaliste dans un tel contexte d'exercer une pression sur le pouvoir public ? » Selon lui, nul doute qu'il faut mettre le dialogue social en avant. II incite donc les pouvoirs publia à se l'approprier avec vigueur en tendant la main aux centrales syndicales. Surtout que ces derniers temps, selon 'Ugtci, des décisions importantes concernant les travailleurs ont été prises par le gouvernement sans associer les syndicats. Notamment, l'affaire de la Mutuelle générale des fonctionnaires et agents de l'Etat de Côte d'Ivoire (Mu gef-Ci). Sur la question, Adeh Mensah demande qu'un dialogue soit ouvert avec les syndicalistes afin que ceux-ci soient partie prenante dans la restructuration de la mutuelle. Cependant, la centrale a salué la hausse annoncée du Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig), qui passera de 36.000 à 60.000 Fcfa. L'Ugtci promet que le salaire minimum agricole garanti (Smag) sera le prochain sur la liste. Leur interlocuteur direct, Adama Coulibaly, directeur de cabinet du ministre de l'Emploi des affaires sociales et de la solidarité, a indiqué avoir pris bonne note. Comme une réplique, il a signifié qu'il y aura bientôt l'organisation des élections professionnelles pour désigner les syndicats les plus représentatifs. Et le gouvernement s'y engagera à fond.
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